L’érosion |
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L’érosion

Lorsque l’on interroge un moteur de recherche sur internet on obtient cette réponse :

 

Quand va disparaître l’île d’Oléron ?

Avec l’érosion des côtes, les experts sont formels : si aucun changement n’a lieu, l’île aura disparu d’ici 100 ans.

Ceux qui connaissent l’île d’Oléron depuis longtemps peuvent en témoigner, le trait de côte évolue en permanence. Lorsque les plages engraissent l’inquiétude est moindre même si des enjeux économiques touristiques peuvent aussi évoluer.
Quand elle dégraissent, les craintes ne sont pas bonnes pour le marché immobilier et autres investissements en général.

L’érosion va au-delà de l’eau qui monte et la côte qui s’effrite, c’est un aussi un problème social lié au développement de l’île.

Les grands projets tels que les ports ont modifié les contours de l’île à l’endroit de leur édification mais aussi sur leur environnement et les plages.

Le port de Saint-Denis créé en 1989 à permis de résoudre en partie des problématiques d’ensablement à proximité des digues précédentes et de permettre l’essor de la ville qui était au bout du monde, isolée ..
Ce qui n’a pas été possible auparavant a pu voir le jour grâce à l’évolution des techniques et des matériaux. Le développement touristique et la volonté des hommes en fait le plus grand port de plaisance de l’île d’Oléron avec 700 anneaux. De quoi financer son entretien et un désensablement régulier.  20 000 m3 de sable seraient évacués en février, auquel s’ajouterait 100 000 m3 de sédiments tous les 4 ou 5 ans. (Lire l’article de Sud-Ouest)
Idem pour le port du Douhet dont les sables prélevés sont utilisés pour recharger le cordon dunaire d’Oléron fragilisé considérablement depuis Xinthia et les tempêtes successives. Avant sa construction, la mer gagnait et s’approchait dangereusement de la maison dite de la Durandière, cette bâtisse célèbre que nous appelions enfant «  la maison du capitaine » (Lire l’article de Sud-Ouest)

Le port du Douhet a modifié les courants et sa digue est venue protéger la baie à proximité de sa digue. Le sable est venu recharger la plage et aujourd’hui la maison s’est éloignée de la mer.
 Dans les années 70 on pensait que la mer viendrait lécher le MonJacDa. Les dunes perdaient du terrain et aujourd’hui la mer se trouve à plus de 200 mètres.

Pour l’érosion immédiate, les combats se multiplient quelque soit la nature des sols..
Même les petites falaises de Chassiron sont rongées. La côte qui dispose d’une zone rocheuse, la banche, résiste mieux.
La Brée, Boyardville, Les Huttes, Domino, La Rémigeasse, Vertbois, Les Allassins et les bassins de décantations de la station d’épuration à quelques dizaines de mètres alors qu’il y avait 200 mètres en 1986.. La passe d’Avail et ses dunes hautes attaquées, La Giraudière Grand-Village et Le pertuis de Maumusson et la pointe de Gatseau. Pour ces 2 endroits qui supportent la plus grande érosion d’Europe (Lire l’article de Sud-Ouest), les actions restent limitée étant donné le recul des habitations. Les interventions se font en général lorsque l’habitat est en péril (voir détruit comme à Boyard).

 

Au fil des années on peut constater que les prévisions des experts étaient en deçà des impacts réels.
Les prévisions ont été établies selon un calcul du recul en fonction des relevés numériques effectués à peu près tous les 3 ans. La réalité, c’est qu’une observation régulière du terrain met en lumière les zones de fragilité. Un trou dans une digue ou une dune qui reste une digue naturelle et la mer s’engouffre. La distance n’est pas toujours représentative de l’obstacle qui s’oppose. On peut voir que la dune et les arbres ont perdu 1 mètre à chaque grosse marée et qu’une fois le rempart effondré, la mer s’engouffre dans les méandres, les creux sur une centaine de mètre d’un seul coup et fait mourir la végétation, ce qui accentue d’autant l’érosion.
Il est plus simple de lutter avant qu’après mais les moyens financiers engagés amènent chacun des décisionnaire à remettre au lendemain des fois que la nature serait plus clémente à l’avenir..
(Lire l’article de Sud-Ouest)

 

Il y a une période avant et après le pont d’Oléron qui date de 1966. Avant c’était une ile tranquille et les frontières des villages existaient encore, bien séparés par des espaces verts, vignes, marais.. avec du bâtis à bonne distance des plages. L’île avait déjà attisé la convoitise avec les congés payés de 1936 mais rien de comparable car le voyage se méritait. Le désir d’une nouvelle population estivale ou permanente à mis la pression sur son développement économique et touristique. La nature pouvait bien bouger mais cela ne monopolisait pas l’attention. Une partie des Oléronais a trouvé le moyen de s’enrichir en cédant des terrains devenus terrains de loisirs, ou des chais ou des maisons de famille. Les communes ont modifié leur PLU et des terrains de périphérie sont devenus constructible. S’enrichir ou se développer, même combat finalement, mais c’était une époque où la place ne manquait pas et l’activité en croissance offrait aussi du travail aux habitants. C’est un développement naturel. Il a fallu à peine une vingtaine d’année pour que les us et coutumes s’effacent. Les petits villages ont bétonné les chemins, les pavillons ont poussé, les derniers paysans à vivre sur de la terre battue sont décédés et les jeunes ont commencé à imaginer une vie sur le continent. Un jeu de chaises tournantes puisque des baigneurs se sont aussi installés à leur retraite dans ce havre de paix. En s’approchant de la mer, en construisant derrière les dunes, voir dessus, on s’est mis à observer les risques avec plus d’intérêt. En 1978, une tempête a laminé les dunes de La Gautrelle et des Saumonards. La mer s’est infiltré sur 1km dans la forêt et sur les routes pour laisser son écume juste derrière la Gibertière. A Sauzelle, on a bien pensé que le village se retrouverait au bord de la mer. Des travaux d’enrochement on été réalisé en urgence pour créer la digue de La Gautrelle. A ce jour, elle a très bien résisté.

Après Xinthia, Le programme d’actions de prévention des inondations (PAPI) a été mis en œuvre. Les études et travaux du Plan digues en Charente-Maritime ce sont 230 millions d’euros dont 180 M€ sous maitrise d’ouvrage du Département.

 

PAPI île d’Oléron

  • Protection du bourg de Saint-Trojan (2M€) : Chantier livré en 2018
  • Renforcement des protections de Boyardville (9,4 M€) : Chantier livré en 2020
  • Digues de Lannelongue et La Perroche (0,3 M€) : Chantier livré en 2020
  • Protection des villages des Allards et d’Ors (1,4 M€) : Travaux 2025-2026

 

A Saint-Trojan, des ouvrages ont auparavant été réalisé avec succès, la digue Pacaud en 1888 (lire l’article). Cet édifice a rompu en 1942 et a été consolidé puis a été transformé des années plus tard en une magnifique promenade après la vente du marais de Bris de la commune au conseil Général.

 

Il existe 2 forêts domaniales sur Oléron. Ces forêts ne sont pas naturelles. L’homme les a planté pour bloquer le sable qui traversait l’île durant les hiver, une fois implantée, la forêt a pu s’accroitre naturellement et offrir un habitat à la faune, chevreuils, biches, sangliers, lièvres.. Lorsque j’étais petit, il y avait du monde au travail dans les bois et les dunes. La forêt de Saint-Trojan a été créée pour protéger le nouveau village puisque celui qui était à l’emplacement original avait été ensablé. Pas moins de 7 dunes successives ont été nivelé jusqu’à Maumusson, et plantées de pins.
On a pour ainsi dire repoussé l’Océan à coup de bulldozer. Un livre évoque cette épopée.
Depuis l’arrivée de Marie-Josée VILLAUTREIX à la mairie, la municipalité n’est plus réactive à assurer la défense côtière. Depuis 2021 les promeneurs qui vont à gatseau sont stupéfaits du changement. L’enrochement qui longe la voie du petit train s’affaisse inexorablement.
En 2024, l’exploitant du petit train s’est senti bien seul pour lutter contre l’érosion qui rongeait jusqu’aux rails dans le dernier virage qui mène les voyageurs à Maumusson. Il a même été question de le poursuivre pour ses actions d’ensablement et de renforts à l’aide de pieux. Ces ouvrages temporaires ont sauvé sa saison 2025 mais cela ne suffira pas. Il suffit d’observer le site pour constater que la mer gagne autour.
Ne rien faire semble être la solution retenue par la municipalité, cependant ne rien faire c’est mettre en péril un moteur de l’économie locale.
Si la lutte est inégale à la pointe Maumusson qui va perdre des centaines de mètres cet hiver 2025, il faut envisager les scénarios pour déterminer où doit s’arrêter la mer. Au même titre qu’une ville dispose de remparts, la forêt doit être assimilée à la ville de Saint-Trojan car elle constitue sa protection et assure son attractivité touristique, ce dont l’économie locale a besoin. D’autre part elle rassure les investisseurs pour développer son économie. Certains préfèrent annoncer la fin de l’île à la fin du siècle mais dans ce cas, il n’est plus utile de chercher à accroitre sa population. Il n’est plus la peine de construire de l’habitat pour des résidents permanents qui seront amenés à fuir l’île pour sauver leur peau. A quoi bon avoir dépensé plusieurs millions d’euros pour reconstruire la salle du Gallion d’Or qui se trouve dans un endroit inondable dès lors que la digue se romprait.
Les générations précédentes nous ont montré que leurs actions pouvait changer la face de l’île. Il est temps de se réveiller et d’agir pour entretenir et agir sur des zones névralgiques. Une année de gagnée, ce sont des drames d’évités et le meilleur moyen de ramener la confiance des habitants.

 

Il y a 30 ans, la pointe de Maumusson était couverte d’une forêt dense. La baie était bien protégé et assurait un mouillage sûr ainsi qu’un plan d’eau réputé sûr pour la baignade. Cette forêt existait à peine dans les années 50, les cartes postales de l’époque montrent des jeunes pousses. Ces arbres ont grandis jusqu’à être laminé à leur racine. L’eau monte évidement et les tempêtes sont plus fréquentes. Les coefficients de marées sont surprenants. Dans les marais, les affluents du chenal de la Soulasserie, des berges sont à surveiller. Une pelle a été réparée au dernier moment. Si elle avait rompu, une partie des marais longeant l’avenue des Bouillats aurait été inondé et les maisons en contrebas sont bien basses.

 

Tout est documenté en photo. L’histoire se construit, les mémoires se souviendront mais abandonner l’île n’est pas une solution, un cycle peut s’inverser et il faut tenir courageusement encore. Nos îles sont des joyaux et pour un département qui mise sur son attractivité touristique, la disparition d’Oléron et d’autres iles entrainerait de nombreuses villes côtières de Charente-Maritime. Aucun fond de soutien ne pourrait soutenir les millions de personnes impactés. La solution passe donc par une surveillance accrue et des actions rapides entre 2 marées si nécessaire.

Des solutions techniques existent et même si des plages disparaissent à marée haute, les promenades réalisées sur les digues restent des éléments attractifs comme on peut le constater sur la fréquentation de la digue Pacaud.

Voir cet ouvrage réalisé en Floride dans la zone naturelle exceptionnelle du phare de Jupiter Inlet ! Ces images prises par drone illustrent l’avancement de cet important projet de stabilisation du littoral, notamment le nouveau mur de soutènement conçu pour lutter contre l’érosion
https://www.instagram.com/pauldabill/reel/DNn0PPHy-Q1

 

Jean-François Augé